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ScrumDay 2015 - Interview avec la Coach Clinic

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En plus des ateliers et présentations du ScrumDay 2015 des 2 et 3 avril derniers, se tenait une Coach Clinic. Entretien privilégié avec les Coachs ayant participé au bon déroulement de l'atelier, au calme le 5 avril, et complété par l'équipe sur le blog d'Ayeba.

 

InfoQ FR : Bonjour à tous. Pour commencer, pourriez-vous nous expliquer qui vous êtes ?

Fabrice Aimetti : Coach Agile, coach d'entreprise et associé chez @Ayeba.

Oana Juncu : Fondatrice de la société coemerge, j'accompagne les entreprises en mixant des pratiques centrées sur le client, le coaching Agile et le mentoring LeanStartup, afin de rendre les équipes fières de leurs réalisations et d'avoir des clients ravis.

Aurélien Morvant : Enzyme (catalyseur), coach agile au sens coach sportif, et coach padawan au sens coach, agiliste passionné par la #facilitation, les #lego, l #intelligence #collective =)

Simon Jaillais : Agiliste actif, tombé dans l'agile par Scrum il y a 7 ans. Aujourd'hui coach agile, orienté vers la compréhension des valeurs agiles et la mise en place de pratiques collaboratives pour mieux travailler ensemble.

Thierry Conter : Artisan du logiciel humaniste, j'ai 25 ans de dev dont 15 d'agile et une certification en coaching en 2010. J'accompagne les organisations, managers et équipes à voler de leurs propres ailes en terre agile et vers d'autres contrées libérées.

Matthieu Barbereau : Tombé dans l'écosystème agile depuis plus de 6 ans, passionné par les rapports humains. Mon activité s'organise autour de l'animation d'équipes, l'accompagnement de clients, la formation. Orateur et animateur, j'organise des événements pour la communauté Rennaise.

InfoQ FR : Pourriez-vous présenter rapidement le concept de la Coach Clinic à nos lecteurs ?

Fabrice : Pour les Scrumday, c'est la seconde édition de ce dispositif. Le principe est simple : n'importe qui présent sur l'évènement vient exprimer une problématique, un blocage, ce qu'on appelle une demande. Un coach professionnel, présent bénévolement, l'accompagne dans une session de travail de 15 minutes environ. La spécificité de la coach clinic est surtout que nous sommes centrés sur l'individu, alors qu'en contexte d'entreprise le coach est plutôt centré sur le collectif. Peu ayant l'habitude de cette relation au coach, c'est une bonne manière de l'appréhender en sérénité.

Oana : Le point important est la localisation de la clinique avec un phénomène de pignon sur rue. Nous sommes situés juste entre l'entrée du hall avec les exposants et les salles des ateliers. La Coach Clinic est un peu comme un café accueillant, une sorte d'invitation à entrer. C'était le retour d'une Coach Clinic à Las Vegas : il faut être au calme et proche des flux de passage.

Thierry : Il y a aussi le cadre, c'est à dire la Charte, revue, relue et acceptée. Elle offre un cadre sécurisant pour les coachs et coachés. En tant que coach, j'en ai besoin. Bruno Sbille avait prévu cette Charte l'année dernière, avec un format allégé par rapport à la charte de déontologie des coachs. Et sur ce point, il faut être très clair : ce qui est échangé entre le coaché et le coach est strictement confidentiel et ne sort pas de la clinique. On ne réécrit pas la demande, on ne note pas les éléments partagés.

InfoQ FR : Et en quelques chiffres, c'est quoi la Coach Clinic ?

Fabrice : Nous avons réuni 18 Coachs cette année. Nous avons eu 28 demandes, à raison d'environ une demi heure pour chacune. Le total est de 14h de coaching cumulé entre 10h30 et 18h, ce qui est un peu supérieur à l'année précédente.

InfoQ FR : Pourriez-vous expliquer comment se déroule une séance de coaching ?

Thierry : Une fois que la personne a posé sa demande, un coach disponible la prend. Si le demandeur est d'accord pour que sa demande soit traitée par le Coach, ils vont ensemble dans la Clinique et vont commencer la séance. Le Coach commence généralement par cadrer la demande, c'est à dire essayer de comprendre ce qu'il y a derrière. C'est souvent la partie la plus longue, parce qu'il faut comprendre et faire reformuler pour atteindre le vrai sujet.

Fabrice : Sur la suite du déroulement de la séance, il n'y a pas de méthodes imposées. Pour nous, chacun suit un peu sa voie, nous sommes un peu oeucuméniques. Par contre, nous avons mis un point de vigilance tout particulier sur la présence de "bulles de coaching", c'est à dire un espace de sécurité et de confidentialité pour la discussion à l'intérieur de la clinique : nous avons eu jusqu'à 6 séances en même temps au moment le plus fort de la journée, il faut donc respecter l'intimité et la confidentialité des propos.

Simon : Et c'est une des questions de fond qui rejoint celles des attentes évoquées par Thierry, et que devrait se poser tout coach agile. Faut-il donner une prescription pour soigner l'agilité du demandeur, ou lui proposer de la perspective sans lui dire que c'est tel outil qu'il faut utiliser ? Il faut éviter de tomber dans le piège du SpeedBoat, surtout du fait du format : en 15 minutes, on règle rarement un problème compliqué. Par contre, le coach peut aider à positionner différemment la demande, à adopter une posture différente. C'est un vrai pouvoir du coach.

Aurélien : Il peut aussi y avoir rapidement des dérives, avec un fort pouvoir d'influence dans les situations de difficultés ou de souffrance. Là, on passe du pouvoir de prescription à la toute puissance. Et c'est ce qui vient nourrir le fantasme du "psy", qui "envoûterait" son client. C'est d'ailleurs le problème du terme Coach Clinic : les gens qui viennent attendent une prescription.

InfoQ FR : Pourquoi ne pas lui donner un autre nom alors ?

Fabrice : On a essayé l'année dernière d'appeler cela "Clinique des Coachs". Le retour est que le terme était perturbant, et qu'il laissait penser que c'était une clinique pour les coachs, ce qui constituait une barrière à l'entrée.

Oana : J'aimais bien le terme de "Bulle de Coaching", mais on ne l'a pas testé pour le moment.

InfoQ FR : Quelles sont les demandes gagnantes de l'année, c'est à dire les plus fun, bizarres, décalées ? Y a-t-il un lien entre ces demandes et le sujet du Scrumday "ScrumCorp : l'agilité au delà des équipes" ?

Fabrice : Une des demandes était "C'est compliqué". Il a fallu un quart d'heure pour reformuler la demande et réussir à comprendre ce qu'elle était. De manière générale, j'ai beaucoup eu de "Docteur, c'est Scrum ou Kanban qu'il faut prendre ?"

Thierry : Les demandes étaient plutôt centrées autour de "Moi et l'équipe".

Simon : Dans la même veine, les demandes étaient autour de la gestion du budget et du multi-team.

Oana : Les thèmes sont assez peu révélateurs. On est en plein avancement dans la courbe d'adoption de l'Agilité, avec des écarts qui se creusent entre les très en avance et les autres. En plus, entre la demande formalisée et le questionnement après le coaching, nous n'avons pas le droit d'en parler =)

Matthieu : Le truc vraiment fun, c'était deux personnes de la même entreprise qui avaient exactement la même demande. J'ai fait une séance avec les deux en même temps, ce qui n'était pas prévu et a permis un super retour.

Aurélien : On a essayé quelques coachings en double, c'est à dire faire un coaching avec deux coachs (pair-coaching). Et le truc vraiment énorme a été l'Anti-Coach Clinic.

InfoQ FR : Pour ceux qui n'y étaient pas, pouvez-vous expliquer l'Anti-Coach Clinic ?

Thierry : Pablo Pernot et Christophe Addinquy, deux coachs agile, ont lancé un mailing important la veille du Scrumday et ont placardé des affiches un peu partout dans l'évènement, avec l'idée d'une Anti-Coach Clinic pour le jeudi soir. C'est devenu un phénomène de Buzz, avec un côté très intéressant qui nous a poussé à réfléchir. A 18h, Pablo est arrivé avec deux autres personnes devant la porte de la Coach Clinic et a commencé une joute oratoire.

Oana : La provocation de Pablo nous a poussé à créer une identité en protégeant la salle, et à attirer énormément de monde : on avait un vrai attroupement. Sur le fond, la démarche de l'Anti-Coach Clinic vient du fait qu'en anglais, le coach c'est l'entraîneur. C'est cette utilisation qui fait qu'il y a une certaine schizophrénie que relevait Pablo dans le "coach agile" : D'un côté, on accompagne l'équipe pour se sentir bien en lâchant les cadres. De l'autre, il y a une injonction à faire plus en utilisant des méthodes.

Aurélien : Le terme de coach est employé à tout va aujourd'hui, il y a des coachs pour tout. Le coach agile, dans la Coach Clinic, c'est avant tout un coach personnel, quelqu'un présent pour aider le demandeur à dépasser sa demande. Ensuite, Pablo nous traitait de menteur en disant que la Coach Clinic servait à nous former et à développer nos compétences.

Fabrice : Et c'est en partie vrai ! C'est ce qui est écrit dans la charte. Nous apportons des réponses à ceux qui le demandent, ce qui nous permet d'apprendre et de nous développer. C'est exactement comme pour un Scrum Master : Nous ne sommes pas parfaits et nous avons toujours à apprendre des autres. Maintenant, dans le cadre d'une Coach Clinic, nous sommes bénévoles et les règles du jeu sont transparentes avec les demandeurs.

InfoQ FR : La démarche Anti-Coach Clinic pose au moins une bonne question. Comment devient-on Coach Agile et qui coache les coachs Agile en France ?

Fabrice : Aujourd'hui, je crois pouvoir dire qu'il n'existe pas d'Ecole de "Coaching Agile" francophone en France. Emergent progressivement des cycles courts. Dans tous les cas, la formation initiale ou continue n'est pas suffisante. Les coachs Agile sont "reconnus par le marché", "reconnus par leurs pairs", "auto-proclamés", ... sur la base d'une expérience significative qui leur permet d'accompagner une équipe ou une organisation pour mettre en place une méthode Agile et, j'ajouterais, sur la base d'une contribution significative à la communauté Agile.

Le terme pouvant prêter à confusion, ambiguïté ou schizophrénie, à l'image du terme "coach" tout court, certains d'entre nous utilisent des intitulés différents, par exemple "Coach'Agile", "Coach Agile canal historique (XP)", "Consultant", "Agent du changement", "Agent provocateur", "Facilitateur d'organisation", "Catalyseur de changement", "Accompagnant à la formation en Intelligence Collective", ... qui témoignent une fois de plus de la portée et de la richesse de ce rôle dans l'organisation.

Concernant le cursus CSC (Certified Scrum Coach) de la Scrum Alliance, il me semble qu'il relève d'un parcours du combattant, dans un milieu international donc anglo-saxon, soit un considérable investissement en termes logistique, calendaire et financier. De plus, d'un point de vue Parapluie Agile, ce cursus ne couvre "que" le framework Scrum. Par ailleurs, j'ai pu observé que certains coachs Agile ont, comme moi, préféré suivre des formations de coaching d'entreprise pour améliorer leur capacité à accompagner en collectif aussi bien qu'en individuel, ce qui répond à des besoins de compétence et de légitimité différents.

Thierry : On commence des pratiques d'intervision. Le principe est de se retrouver en groupe de pairs, où chacun va exposer une problématique. Les autres vont demander des clarifications, et le demandeur reformule son questionnement. A ce moment là, le groupe accepte ou non. S'il accepte, le coach parle de sa situation et les autres lui font une restitution.

InfoQ FR : Qu'est-ce qui pourrait être mieux l'année prochaine ? Avez-vous des premières idées ?

Fabrice : On envisage d'étendre le principe des 2 coachés, car le retour est vraiment bon. Par contre, toutes les demandes ne s'y prêtent pas.

Thierry : Et des séances d'intervision entre coachs et/ou Scrum Master, voire d'équipe. La complexité va être logistique, avec un vrai besoin de salles que nous n'avons pas aujourd'hui sur le Scrumday.

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