Malgré d'énormes investissements et des années de développement, le PaaS n'a pas réussi à attirer beaucoup de clients à ce jour. Cet article résume la pensée de plusieurs analystes au sujet de l'état actuel du PaaS et de son avenir.
Pendant de nombreuses années, le PaaS a été considéré comme la «colle» nécessaire entre la couche application/service/logiciel et la couche d'infrastructure du cloud, comme Paul Miller l'a fait remarquer dans son article, Le PaaS meurt-il ? :
Le rôle du PaaS est clair, convaincant et puissant. Il devrait être l'élément fondamental, beaucoup plus important et intéressant qu'un tas de machines virtuelles à bas prix tournant sur du matériel bas de gamme. Il devrait être la force motrice derrière le cloud, la raison pour laquelle le cloud peut continuer à transformer les entreprises et les modèles d'entreprises dans le monde entier.
Mais "le PaaS en tant que catégorie est loin de tenir cette promesse", a ajouté Miller. Et certains se demandent ces derniers temps si nous avons vraiment besoin du PaaS, si le PaaS est une espèce en voie de disparition ou s'il est en train d'être absorbé par le IaaS ? En effet, discutant de la récente revue de Gartner, Application PaaS (Apaas) Magic Quadrant, Nancy Gohring a remarqué que le nombre de clients est surprenant. Alors que Google a quelques 30 000 clients, la plupart d'entre eux sont de petits sites Web, avec plusieurs grands noms tels que Snapchat et Khan Academy. Sans fournir de chiffres réels, Gohring estime que Salesforce a "potentiellement beaucoup plus de clients que App Engine de Google", car "Google est classé derrière Salesforce", mais c'est là que s'arrêtent les bonnes nouvelles :
Là où le rapport Gartner devient plus intéressant, c'est en ce qui concerne les fournisseurs qui ont le moins de clients. En effet, certains d'entre eux sont de très grands noms. Par exemple, Gartner a écrit que SCAS, l'offre d'IBM, est estimée avoir moins de 50 clients dans le monde entier. SAP, selon Gartner, a moins de 100 clients. Red Hat, qui est au centre et qui met en avant son offre OpenShift, a "quelques clients payants", selon Gartner.
Les choses deviennent un peu plus positives pour les nouveaux arrivants : "CloudControl, une société Allemande servant le marché Européen, affiche 400 clients payants. Et Docker a 500 clients payants."
Après sept ans (le terme PaaS est apparu sur la toile pour la première fois en mars 2007, selon les tendances Google), le PaaS n'est pas aussi mature que le IaaS (voir Amazon AWS) ni le SaaS (voir Salesforce). Le groupe de recherche 451 se demande si le PaaS est en train d'être absorbé dans le IaaS, selon un article récent intitulé le PaaS devient-il tout simplement une caractéristique du IaaS ? (abonnement requis). En effet, après avoir commencé en tant que fournisseurs de PaaS, Google et Microsoft ont étendu leurs offres avec quelques spécialités du IaaS, CPU et stockage.
Que se passe t-il avec le PaaS ? Pourquoi ? Et le PaaS va-t-il survivre ? Krishnan Subramanian estime que le PaaS vient de passer le maximum de battage médiatique et a "atteint un nouveau niveau de maturité", et en dépit de ses lacunes, un développement important a eu lieu dans l'espace PaaS en 2013, à savoir la séparation des deux nuances :
- PaaS par orchestration de services - "Cette variation du PaaS, offerte par les premiers fournisseurs comme Google App Engine, construit la plate-forme en composant différents services nécessaires pour le déploiement des applications."
- PaaS par orchestration de conteneurs - "Docker est un parfait exemple de conteneurs Linux rapides et légers qui font qu'il est facile pour les utilisateurs de porter leurs applications dans les différents fournisseurs de cloud. Contrairement aux machines virtuelles qui abstraient uniquement la partie calcul, les conteneurs peuvent encapsuler des applications complètes et des environnements applicatifs".
Mike Kavis souligne trois raisons pour lesquelles, selon lui, les entreprises tardent à adopter le PaaS :
- Un message marketing confus - "Il y a des fournisseurs de PaaS publics comme Heroku, Google et Microsoft, il existe des solutions de PaaS privés et hybrides comme Apprenda, OpenShift, Pivotal, WSO2, et bien d'autres, et puis il y a des solutions de PaaS spécifiques à un domaine qui se concentrent sur des domaines très distincts comme le mobile, le Big Data, le social, etc "... Les fournisseurs IaaS offrent de nombreux services PaaS - comme Elastic BeanStalk d'AWS. Pour rendre les choses plus confuses, Google et Microsoft proposent maintenant des offres IaaS avec leurs offres PaaS. Pas un jour ne passe sans que je ne vois les gens essayer de comparer Microsoft Azure, un PaaS, avec AWS, une solution IaaS. Pour aggraver les choses, même les "experts" n'arrivent pas à avoir un message clair."
- Manque de maturité - "Le défi pour le PaaS est que le SaaS comme le IaaS sont vus comme étant prêts pour l'entreprise aux yeux de nombreux clients et ils bénéficient de beaucoup plus de confiance de la part des entreprises (au moins AWS). Le PaaS en est là où AWS était en 2008, quand la plupart de la consommation venait de start-ups et de PME. Il y a quelques success-stories impressionnantes, mais pas en grand nombre".
- Limitations - "Il y a une perception selon laquelle il suffit simplement de prendre ces solutions PaaS et commencer à se lancer dans le code. C'est peut-être vrai, mais si vous voulez que ce code fonctionne, vous devez avoir une compréhension profonde des limites du PaaS et de son architecture. Par exemple, Heroku possède un système de dynos, que vous pouvez voir comme des conteneurs virtuels qui détiennent la totalité de votre infrastructure et de votre stack logicielle. Heroku recycle au hasard des dynos quand il estime qu'il est approprié de le faire, et il vous donne dix secondes pour traiter le code d'erreur... Et bien, tout d'un coup, votre code commence à être très spécifique à la plate-forme de PaaS cible, créant une forme de lock-in que vous n'attendiez probablement pas... La quantité de travail nécessaire pour contourner les limitations de la plupart des architectures PaaS et les coûts de la consommation de toutes ces ressources abstraites rend tout cela souvent difficile, voire trop cher, et parfois même impossible. La plupart du temps, les applications très haut volume sont mieux servies sur une solution IaaS sur laquelle les ressources ne sont pas contraintes comme elles le sont sur un PaaS".
S'exprimant au nom de Forbes, Ben Kepes fait remarquer qu'il y a trop d'acteurs et que le marché du PaaS n'est pas encore consolidé :
C'est un moment étrange pour le PaaS en général. La version de Pivotal de Cloud Foundry semble aspirer la grande majorité de la notoriété en laissant les autres fournisseurs Cloud Foundry se demander quel est le moyen de se différencier. En même temps RedHat tente d'accélérer le déploiement de sa propre version de PaaS, OpenShift. Stalwarts Heroku (maintenant détenue par Salesforce.com) et EngineYard continuent de tourner la roue du PaaS aussi. Ajoutez à cela le fait que certains des acteurs de OpenStack ont décidé de créer leur propre initiative PaaS, Solum, et vous avez un marché confus et déroutant. Ajoutez enfin les monstres de Seattle, AWS et Microsoft, et on retrouve manifestement un fournisseur pour chacune des sociétés parmi la demi-douzaine dans le monde ayant effectivement pris la décision d'acheter du PaaS.
Quant à son avenir, les opinions sont variées.
Brandon Butler (Le marché du PaaS comme nous le connaissons est-il en train de mourir ?) :
«Beaucoup de gens veulent dire que le PaaS est DOA - mort à l'arrivée», explique Tim Crawford, un conseiller stratégique aux CIO qui travaille pour le cabinet indépendant AVOA. Le PaaS, en tant que plate-forme autonome hébergée, est devant une route "difficile" pour l'adoption en entreprise, étant donné ce que font les gros fournisseurs avec le IaaS et le SaaS.
Kepes : "C'est le moment pour le PaaS de se révéler vraiment sur le marché, d'être plus qu'un simple concept vraiment fantastique."
Kavis : "Le PaaS n'est pas mort : en fait, il en est juste à ses débuts, en attendant de prendre d'assaut le marché. Le problème est que, dans sa forme actuelle, il n'est pas tout à fait ce sur quoi de nombreuses entreprises sont prêtes à mettre leurs jetons pour le moment".
Subramanian : "Un avis de décès prématuré pour le PaaS finira par nuire à une industrie qui pourrait autrement tirer une grande valeur du développement en cours."
Il reste à voir si 2014 sera l'année où, après avoir laissé le battage médiatique derrière, le PaaS viendra à échéance et sera suffisant pour représenter une proposition solide pour les entreprises, qui à leur tour l'adopteront et le propulseront vers le succès.