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EasyEclipse, que se passe-t-il ?

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InfoQ FR a pu rencontrer Pascal Rapicault, l'homme derrière le lancement d'un projet Kickstarter dédié à créer une distribution commerciale d'Eclipse, nommée EasyEclipse.

InfoQFR: Bonjour Pascal, peux-tu nous parler un peu de toi et de ton parcours ?

Pascal Rapicault: Je m'appelle Pascal Rapicault. J'ai grandi et étudié en France à Orléans d’abord puis à Sophia-Antipolis. À la fin de mes études en 2002, j'ai rejoint le berceau d’Eclipse, OTI/IBM, à Ottawa au Canada. Pendant 8 ans, j’ai eu la chance d’être au coeur du développement d’Eclipse. En 2010, j’ai eu envie de voir l’envers du décor et d’être en contact avec les utilisateurs d’Eclipse, je suis alors devenu consultant indépendant auprès d’entreprises utilisant Eclipse. Les différents contrats que j’ai depuis quatre ans me permettent de mieux cerner les difficultés rencontrées par les utilisateurs et de les sensibiliser à l’importance de contribuer.

InfoQFR: Quel est ton parcours dans la communauté Eclipse jusqu’à présent ?

Pascal Rapicault: J'ai rejoint l'équipe de la plateforme en 2002 à OTI/IBM. J'ai contribué à de nombreux projets soit en tant que développeur, évangéliste ou responsable technique. J’ai été impliqué dans les projets suivant : Equinox (adoption d’OSGi, qui a contribué à le populariser), p2 (le système d'installation de plug-ins), PDE (support au développement de plug-ins), Tycho (système de build de plug-ins pour Maven) et m2e (intégration de Maven). Aujourd’hui, je suis toujours le responsable du projet p2 et reste actif dans d’autres projets grâce à mes contrats de consultant.

InfoQFR: Pourquoi lances-tu EasyEclipse aujourd’hui ?

Pascal Rapicault: Les problèmes de financement de l'IDE Eclipse ne sont pas nouveaux et sont de plus en plus visibles, et les utilisateurs sont de plus en plus frustrés (voir IhateEclipse.com). Je n'ai plus envie d'attendre. Je pense qu'on n’a plus le temps. Depuis quelque temps, je réfléchis à des solutions, mais l’élément déclencheur de mon effort a été l'annonce de Google d’utiliser IntelliJ pour ses outils Android. L'idée d'une distribution lancée par une campagne Kickstarter m’est venue l’été dernier. Ensuite il m’a fallu du temps pour valider, concrétiser et mettre en place le projet.

InfoQFR: N’est-ce pas aussi un pavé dans la marre de la fondation Eclipse ? Une manière de dire qu’ils ne font pas leur travail ?

Pascal Rapicault: Bien sûr que non ! Beaucoup d’utilisateurs d’Eclipse n’ont pas conscience que la fondation Eclipse n'a pas dans ses mandats le financement du développement de l'IDE, ni d’aucun autre projet d’ailleurs ! La fondation Eclipse est une organisation à but non lucratif qui a pour mandat de s’occuper de la communauté Eclipse et de son écosystème (conférence EclipseCon, marketing, infrastructure...). Les fonds qu’elle perçoit à travers les dons et les frais d’adhésions servent uniquement à ce mandat. Comment est financé l’IDE ? Par des committers bénévoles et par quelques entreprises qui paient des contributeurs pour maintenir les projets sous-jacents.

InfoQFR: Avons-nous besoin d’un nouvel IDE Java payant ?

Pascal Rapicault: De celui-ci oui, car la proposition de redonner à l’open source d’une manière systématique est plutôt unique pour un nouveau produit commercial.

InfoQFR: Définirais-tu EasyEclipse comme un concurrent d'IntelliJ ?

Pascal Rapicault: Se définir comme concurrent d'IntelliJ serait prétentieux et incorrect, surtout pour une première version. Mon but est de développer une version intégrée et simplifiée de l’IDE Eclipse en y ajoutant des fonctionnalités pour améliorer l’expérience utilisateur: par exemple le wizard pour installer les plug-ins les plus populaires, la recherche globale ou la présentation d’astuces. Certaines de ces fonctionnalités existent dans IntelliJ et je regarde comment celles-ci sont faites.

InfoQFR: Il me semble que le gros du travail d’EasyEclipse sera un travail d’intégration des différents projets eclipse existants, avec quelques fonctions en plus. Est-ce suffisant pour vendre un produit ?

Pascal Rapicault: Si EasyEclipse parvient à résoudre les problèmes des utilisateurs, reste à l’écoute de leurs besoins et apprend à les connaître, je pense que oui. On parlait précédemment d'IntelliJ et je pense que c’est cette approche qui a fait leur succès.

InfoQFR: Tu comptes investir une partie de l’argent (de la campagne de financement puis des licences EasyEclipse) dans l’amélioration de projets open source Eclipse. Pourquoi ?

Pascal Rapicault: C'est à la fois un credo, et une manière d'assurer la pérennité d'EasyEclipse. EasyEclipse ne peut pas exister sans le vaste écosystème d'Eclipse. Ne pas y contribuer reviendrait à scier la branche sur laquelle nous sommes assis.

InfoQFR: Comment vas-tu décider quels bugs de la plateforme doivent être corrigés ?

Pascal Rapicault: La priorité ira aux bugs gênant nos utilisateurs et nous aurons cette information dès le début à travers les sondages et discussions téléphoniques que nous aurons avec eux. Je pense que les problèmes reportés seront autour du blocage de l’interface utilisateur, des performances et de l’intégration Maven. Cependant, nous ne nous limiterons pas uniquement aux bugs, et chercherons aussi à innover. Par exemple, j'ai soumis la semaine dernière plusieurs idées de projets Google Summer of Code comme "le centre de notifications" ou la "simplification de l’import wizard". Les idées ne manquent pas.

InfoQFR: Es-tu commiteur sur chacun des projets nécessaires à l’élaboration d’EasyEclipse ?

Pascal Rapicault: Non. Dans certains cas, nous fournirons un patch et dans d’autres nous financerons les commiteurs du projet pour faire le travail. En aucun cas, je ne compte "forker" les projets.

InfoQFR: Le fait que certaines parties d'EasyEclipse soient closed-source, veut dire que personne ne pourra aider l’équipe EasyEclipse dans le développement du produit ?

Pascal Rapicault: C'est effectivement le cas. Nous avons considéré l’alternative open source, cependant celle-ci ne résoudrait pas de manière pérenne le problème de financement de l’IDE Eclipse. En effet, une fois les fonds du Kickstarter utilisés, nous serions de retour dans la situation dans laquelle nous sommes actuellement à savoir le manque de fonds.

InfoQFR: As-tu réfléchi à la licence proposée (prix, durée de validité, prix pour l’utilisation académique...) ?

Pascal Rapicault: Très rapidement afin de voir où se situait la compétition et définir le prix des licences dans le Kickstarter. Cependant, toute autre discussion plus détaillée est prématurée. Voyons d'abord ce qui se passe avec le Kickstarter.

InfoQFR: Pourquoi les entreprises qui utilisent gratuitement Eclipse IDE devraient-elles soutenir EasyEclipse ?

Pascal Rapicault: Pour que leurs développeurs aient un meilleur IDE, qu’elles aient un plus grand engagement envers Eclipse et aussi pour avoir bonne conscience en redonnant à l’open source. En effet pour de nombreuses entreprises, il est plus simple d’investir dans un projet open source en le finançant plutôt qu’en y dédiant un de leurs employés.

InfoQFR: Seras-tu présent à l’EclipseCon à San Francisco en mars ?

Pascal Rapicault: Oui et en plus j'aurai quelques t-shirts :)

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